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Les chroniques de Katlitout
Le Sursis

Auteure : Sarah Bouchard

Il y a environ deux ans, le hasard, s’il en est un, m’a fait croiser la route de Sarah. Au fil de nos brèves rencontres, nous partagions notre passion commune pour l’écriture. Subtilement, la confiance s’est installée entre nous et grâce à cette amitié naissante, j’ai eu l’immense privilège de lire Le sursis avant même sa publication. Un véritable cadeau tombé du ciel ! Tenue par le secret et par cette confiance touchante de l’auteure envers moi, je ne pouvais évidemment vanter les mérites de ce roman qui fut pour moi un coup de cœur instantané. Pour les besoins de la cause ici, je tente d’oublier un instant le sourire chaleureux de cette auteure que je connais désormais, je ferme les yeux, je me laisse subjuguer par les mots forts de sens et me replonge tête première et avec le plus grand plaisir dans l’un des romans les plus touchants qu’il m’ait été donné de lire jusqu’à présent.

Lorsque le verdict tombe, il est sans appel. Les mots « cancer » « incurable » défilent devant nos yeux à la vitesse grand V. Dès les premières lignes, nous sommes happés par l’histoire de cette jeune femme, matérialiste à l’extrême, superficielle, égocentrique et hautaine. Six mois… Six tout petits mois… C’est le temps qu’il lui reste. La réalité frappe Anaïs Gareau de plein fouet. Si belle, si jeune, si inébranlable, elle ne peut croire à ce funeste destin. « Prononcer ces paroles pour la première fois me glace le sang. […] Je me retrouve projetée avec une violence titanesque dans une réalité dont je ne veux pas. Je comprends alors qu’il n’y a pas d’erreurs d’examens, ni de mauvaise interprétation. Il n’y a que l’atroce vérité : moi, Anaïs Gareau, âgée de trente-trois ans, je suis atteinte d’un cancer incurable et je vais mourir.¹»
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Entourée de futilités, aveugle aux beautés qui l’entourent, Anaïs prend conscience à cet instant qu’elle est passée à côté de sa vie. Elle ne s’est jamais intéressée aux autres, n’a pas d’amis, n’en éprouve pas le besoin. Alors qu’elle s’effondre sur ce banc face à la clinique d’où elle sort complètement anéantie, elle n’a que faire de cet étranger auquel elle n’a daigné jeter un regard et qui, vainement, semble vouloir attirer son attention. Alors que son monde s’écroule, le mystérieux inconnu se projette dans l’ombre de la jeune femme tel un fantôme omniprésent, prenant tantôt la forme d’une silhouette tapie dans le noir, tantôt celle d’un vague souvenir obsédant qu’elle s’efforce tant bien que mal de chasser.

Puis, la transformation s’opère. Il y avait la femme d’avant et il y a la nouvelle Anaïs, celle qui fera tout pour croquer dans la vie à belles dents et profiter de chaque minute comme si c’était la dernière, de vivre le moment présent, sans se préoccuper d’hier ou de demain. Obnubilée par le désir profond de faire en sorte que son passage et sa présence sur cette terre servent une mission plus grande qu’elle et fassent une différence dans la vie des gens qu’elle croise, elle fera office d’ange gardien dans la vie de plusieurs : « Soudainement, je réalise que je le sais depuis le début, peut-être même depuis toujours : je ne veux pas disparaître sans laisser la moindre trace de mon passage sur cette terre, sans avoir été importante pour quelqu’un, sans qu’on me regrette.²»

Au fil de ses rencontres, elle tentera de mettre un baume dans la vie des gens placés sur sa route. Tous, autant qu’ils sont auront leur raison d’être, tous autant qu’ils sont y seront pour une raison bien précise : « Je crois fermement que la vie se charge de mettre sur notre route toutes les situations ou les personnes nécessaires à notre développement personnel et qu’il nous appartient de leur donner leur chance.³» L’arrivée de Suzie dans sa vie va chambouler son univers et abaisser les barrières qu’elle a longtemps érigées autour d’elle. Elle sera pour elle un phare dans toute cette noirceur. Des petits miracles surgissent ici et là et redonnent à Anaïs et aux lecteurs l’espoir et le sursis dont elle a besoin pour accomplir la mission de sa vie et faire la différence dans celle des autres. Certes, elle les touchera tous en plein cœur.

Tel un ange gardien, Anaïs s’immisce dans notre vie et s’y installe. Elle fait désormais partie de moi, m’a transportée dans son univers duquel je ne veux plus revenir. Comme la première fois, je suis bouleversée, touchée. Un sanglot m’assaille et mes larmes laissent des traces sur mon visage. Je ne veux pas que l’histoire s’arrête. Je veux qu’elle continue, qu’elle se propage dans vos vies et s’y ancre. Je souhaite ardemment que vous découvriez ce bijou qu’est Le sursis. Ce serait pour vous un cadeau tombé du ciel.
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1. Sarah Bouchard, Le sursis, p. 31
2. Sarah Bouchard, Le sursis, p. 89
3. Sarah Bouchard, Le sursis, p. 140

Kathleen Gaumont
Chroniqueuse bénévole

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