Après une première analyse du projet de loi 86 qui devrait modifier la Loi sur l’instruction publique, madame Hélène Roberge, présidente de la Commission scolaire des Patriotes (CSP), est d’avis que la réforme proposée par le gouvernement n’amène rien de concret pour favoriser davantage la réussite des élèves.
« Nous allons poursuivre l’analyse du projet de loi pour en mesurer les impacts sur notre milieu et surtout, évaluer comment toutes ces nouvelles mesures vont se traduire pour nos élèves. Je suis déçue de la vision du gouvernement en matière d’éducation. Bien que le ministre Blais ait mentionné en point de presse que ce projet de loi s’inscrit en réponse à (sa) volonté de favoriser encore plus la réussite des élèves, je constate que ce n’est pas le cas puisque les élèves ne sont même pas au cœur de cette réforme qui s’attarde davantage aux structures, » indique madame Roberge.
La présidente entend participer activement, avec les membres du Conseil des commissaires, au processus de réflexion qui vient de débuter par le dépôt de ce projet de loi, et ce, dans le meilleur intérêt des élèves. « Je suis déçue de l’abolition des élections scolaires. Le maintien d’une taxe réclame une élection au suffrage universel au cours de laquelle tous les citoyens peuvent choisir leurs représentants. Les élections « facultatives » proposées dans ce projet de loi ne répondent pas à ce principe. D’autres éléments contenus dans ce projet sont franchement inquiétants, notamment ceux où le ministre se réserve de nouveaux pouvoirs directifs qui pourraient aller à l’encontre de décisions locales prises en toute connaissance de cause dans l’intérêt des élèves. »
Les parents seraient minoritaires
Dans le projet déposé le vendredi 4 décembre à l’Assemblée nationale, il est question notamment de donner plus de pouvoir aux parents. « Il serait plus simple d’accorder le droit de vote aux quatre commissaires-parents déjà présents aux conseils des commissaires, » poursuit Mme Roberge. « En fait, la présence de parents au sein du Conseil des commissaires de la CSP est plus importante actuellement que ce qui se retrouve dans le projet de loi. Nous avons un conseil formé de 16 parents : 4 nommés par le comité de parents et 12 élus qui sont également parents, dont plusieurs sont issus de la structure de participation des parents. Alors que le projet de loi propose un nouveau conseil avec seulement six parents sur 16 membres. Les parents risquent d’être en minorité sur un conseil qui pourrait être mené majoritairement par des personnes représentant des intérêts différents et qui se retrouveront inévitablement dans des situations de conflits ou d’apparence de conflits d’intérêts ou de loyauté. »
Une décentralisation moins importante que celle de la CSP
Selon le ministre Blais, les membres des nouveaux conseils scolaires devront participer dorénavant à un modèle de gouvernance beaucoup plus décentralisé et qui s’assure que le maximum de ressources se retrouve dans les mains de l’école. Rappelons que le mode de gestion de la CSP est unique et novateur parce qu’il est très décentralisé vers ses écoles et ses centres de formation. Selon les plus récentes données du ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR), la CSP présente la meilleure performance au Québec pour le coût de ses dépenses administratives par élève. Ainsi, en affectant seulement 3,6 % de son budget aux dépenses administratives centrales, la CSP favorise l’autonomie de ses directions d’établissement.
La présidente de la CSP partage la vision de décentralisation du ministre Blais mais s‘inquiète que celle-ci soit bien moins décentralisée vers les écoles que ce qui se fait à la CSP. « Notre modèle de gestion décentralisé fonctionne bien et a fait ses preuves, mais il est désormais en péril. Ce n’est pas gagnant pour nos élèves, ni pour nos directions d’établissement parce que nous en faisons plus en matière de décentralisation des ressources vers nos écoles que ce qui est présenté dans le projet de loi. »
La CSP complétera l’analyse de ce projet de loi au cours des prochaines semaines et présentera ses recommandations au ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « C’est notre devoir de nous assurer que les changements proposés ne compromettent pas le futur de nos élèves et le principe d’équité, » conclut Mme Roberge.