Le Contre-courant

Les chroniques de Katlitout
Jours de haine

Auteure : Anna Raymonde Gazaille

Avec Jours de haine, je retrouve avec une joie non dissimulée l’équipe d’enquêteurs chevronnés dirigée par Paul Morel, inspecteur au SPVM. Ce plus récent opus des enquêtes de Morel publié en avril dernier est le 3ème de la série de l’auteure Anna-Raymonde Gazaille, après Traces (2013) et Déni (2014). Un polar qui plaira sans aucun doute aux amateurs inconditionnels de District 31, d’une part parce que l’intrigue se déroule en terrain connu, à Montréal, et d’autre part parce qu’en suivant l’équipe de Morel avec à ses côtés Losier, Gagnon, Tanguay, Ling et Cabrini nous avons l’impression de retrouver un peu des personnages que nous aimons tant dans cette série désormais fétiche des Québécois.

La hiérarchie souhaite des résultats

Paul se sent impuissant. Plusieurs crimes non résolus et aucun résultat probant dans les dernières semaines. Il a non seulement l’impression de faire du sur-place mais le comble c’est que son supérieur, Mercier, est sur son dos et laisse planer la menace bien présente d’abolir des postes en l’absence de résultats. Morel fait tout en son pouvoir pour protéger ceux qu’il considère comme sa deuxième famille. Malgré tout, le stress est à son paroxysme et toute l’équipe est sur les dents.

Le début de l’enquête nous amène sur les traces de Jean-Claude Caron, un caïd notoire soupçonné d’avoir commis une dizaine de meurtres. Toutefois, ce n’est pas bien connaître Anna-Raymonde Gazaille que de croire qu’elle laissera nous et Morel sur la piste d’un seul mystère à la fois ! Fidèle à son habitude, elle tire les ficelles d’une enquête superbement menée et nous entraîne sur une route où tous les chemins finissent pas se croiser. D’une part, la femme de Steve Losier a disparu en menant une mission d’infiltration pour la GRC dans l’unité anti-terroriste. On pense qu’elle serait victime d’une prise d’otage. Steve doit garder le focus sur l’enquête mais il est fou d’inquiétudes pour Sara : «Ma femme a disparu, et je reste là à ne rien faire ! Je suis policier ! Je devrais remuer ciel et terre pour la secourir. Ils m’ont formellement interdit d’entreprendre quoi que ce soit. Sous prétexte que je pourrais la mettre encore plus en danger.»¹

La donne se complique lorsqu’un sans-abri sans histoires est tué par un tireur embusqué en plein centre-ville de Montréal. Les enquêteurs n’y reconnaissent pas là la signature de Caron ; Ils doivent donc réorienter leurs recherches, revoir ce qui leur est passé tout juste sous le nez. Cependant, lorsque l’un des leurs est personnellement touché par le tireur fou, c’est la consternation au sein de l’équipe. Force leur est de conclure l’impensable : c’est le SPVM qui est directement visé ! Qui en veut à ce point aux policiers et surtout pourquoi ?
 
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Combattre ses démons

Au fil des péripéties des enquêteurs, Gazaille nous révèlent un peu de leur personnalité. On s’attache à ces personnages qui vivent au quotidien avec le stress inhérent à la nature de leur travail et qui doivent, comme tout le monde, confronter leurs propres drames personnels, leurs propres démons. Alors que Carolina tente de fuir certains moments de sa vie, qu’elle s’enferme dans une relation qui ne fonctionne plus, Paul quant à lui, lutte contre ses sentiments pour la belle enquêtrice et se bat simultanément pour sauver son couple qu’il sait voué à l’échec : «Morel se demande à quoi il pourra s’accrocher lorsque l’inéluctable qu’il sent poindre avec le retour de Geneviève le frappera en pleine gueule […] Paul n’a plus d’arguments pour la contredire. Il est insidieusement entrain d’admettre que cette femme qu’il a aimée jusqu’au vertige n’acceptera jamais les conditions inhérentes à son métier de policier.»²

Les romans de Anna-Raymonde Gazaille sont empreints d’humanité et toujours très actuels. On plonge dans l’univers des policiers tête première et on en redemande encore. J’ai pour ma part découvert cette auteure l’an dernier, et je vous garantis que vous ne serez pas déçus. Par ailleurs, sachez que vous n’avez pas à lire les deux romans précédents de l’auteure pour comprendre Jours de haine. Chaque opus est toujours une nouvelle enquête en soit ; ce sont les personnages et leur relation entre eux qui évoluent à chacune des enquêtes. Une finale qui vous surprendra et qui, non sans surprise, laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau crime à résoudre pour l’équipe de Morel.
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1. Jours de haine, GAZAILLE, Anna-Raymonde, page 39
2. Jours de haine, GAZAILLE, Anna-Raymonde, pages 205-206

Kathleen Gaumont
Chroniqueuse littéraire


 


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