Le Contre-courant


Projet de terminal portuaire à Contrecoeur
Des consultations publiques intéressantes et productives


Daniel Castonguay
redaction@lecontrecourant.com

L’ Agence canadienne d’évaluation environnementale avait convié la population et les intervenants désireux d’en savoir plus sur le projet de terminal portuaire à Contrecoeur à deux soirées de consultations publiques.

Ces soirées étaient divisées en deux parties, une première pendant laquelle l’Agence canadienne d’évaluation environnementale expliquait où en est le processus d’évaluation et pendant laquelle l’APM (Administration portuaire de Montréal) expliquait le projet, et une seconde partie pendant laquelle le public pouvait obtenir des réponses à ses questions.

Le projet

Le Port de Montréal est la porte d’entrée naturelle pour les échanges entre l’Europe et le cœur de l’Amérique du Nord. Selon les projections de l’APM, ses installations, situées dans l’est de Montréal, atteindront leur capacité maximale vers 2023 d’où la nécessité d’une expansion.

L’évaluation des différentes options a conduit à l’acquisition, entre 1988 et 1992, de terrains par le Port de Montréal à Contrecoeur. Le plan du projet nous montre la création d’un quai pouvant accueillir aux moins deux navires et l’installation de 8 grues pontiques. Une cour de conteneur sera adossée à ces installations ainsi qu’une gare de triage. L’ensemble du projet sera ceinturé par un talus végétalisé de 4 m, surmonté d’un mur acoustique de 6 m dans sa partie ouest.

On projette y voir transiter à terme 1,15 millions de conteneurs. Environ 1 000 emplois y seront créés avec un impact récurrent national sur le PIB de 119 millions $, dont 104 millions $ au Québec.

M. Gilles Lamoureux, conseiller et maire suppléant de Verchères, Serge Péloquin, maire de Sorel-Tracy.

Des villes et des organismes globalement favorables au projet

On a pu entendre au cours de ces soirées divers intervenants venir apporter leur support au projet, dont Céline Huot, vice-présidente Stratégie et Affaires publiques de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain: «On souhaite que le Port puisse demeurer compétitif par rapport aux autres ports sur la côte est américaine qui investissent énormément» a-t-elle analysé. Norma Kozhaya, Vice-présidente – Recherche et économiste en chef du Conseil du patronat, a tenu à rappeler que Montréal est une porte d’entrée pour le commerce international sur le continent nord-américain: «Augmenter la capacité d’accueil est très important pour consolider cette position. Pour les entreprises que nous représentons, cela va leur permettre de saisir des opportunités» de commenter Mme Kozhaya.

Plusieurs municipalités, dont Verchères, Contrecoeur, Varennes, Boucherville et Sorel-Tracy, ont déposé ou déposeront un mémoire. Mme Maud Allaire, mairesse de Contrecoeur, a réitéré son appui au projet: «Tout comme l’Administration portuaire de Montréal, la Ville de Contrecoeur vise à ce que ce projet soit un modèle d’acceptabilité sociale en matière de développement durable que ce soit au plan social, environnemental et économique».

M. Martin Damphousse, maire de Varennes, a donné son appui inconditionnel au projet de l’APM: «La Ville de Varennes, dans les huit dernières années, a accueilli 87 nouvelles entreprises sur son territoire, avec la création de 3 000 emplois pour 5 millions $ de nouveaux revenus de taxation. Et dans ces nouvelles entreprises, nombreuses sont celles qui identifiaient depuis longtemps la venue du Port de Montréal comme étant un élément majeur et significatif pour eux».

Ce bel appui au projet n’a pas empêché des intervenants de vouloir se faire rassurer sur certains aspects du projet.

M. Martin Damphousse, maire de Varennes.


 
La circulation ferroviaire

On projette l’arrivée et le départ d’un train par jour lorsque le terminal opérera à pleine capacité. Ce train sera d’une longueur de 3 km. Le temps de passage du convoi aux passages à niveau des municipalités adjacentes sera de 7 minutes.

L’ APM, dans ses mesures d’atténuation, envisage l’aménagement du réseau de transport routier local avec feux de circulation, voies de virage protégé, signalisation, et un système de signal avancé lorsqu’un train est en manœuvre de croisement sur la 132 et la Montée Lapierre.

M. Éric Tremblay, porte-parole du groupe citoyen Sécurité ferroviaire Rive-Sud, est venu plaider pour un déplacement de la voie ferrée: «On invite le Port de Montréal à se donner les moyens de ses ambitions, avec une nouvelle voie ferrée à double-sens. On parle présentement de 2 convois par jour de 3 km qui viendraient couper en deux les municipalités de Verchères et Boucherville». Il a demandé aux représentants de l’APM si cette alternative, une nouvelle voie ferrée, avait été envisagée. Daniel Dagenais, vice-président aux opérations du Port de Montréal, après avoir réitéré l’importance du transport ferroviaire dans le projet, et désireux de développer ce projet en harmonie avec le milieu, a dit travailler en collaboration avec le Canadien National afin de trouver des solutions qui seront gagnantes pour toutes les parties. Cette problématique sort cependant du cadre de l’étude selon les autorités de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale qui vont néanmoins transmettre l’information au Canadien National.

Cependant M. Cournoyer, de Transport Canada, a ajouté certaines explications touchant la sécurité ferroviaire: «La voie ferrée qui circule entre Saint-Bruno et Sorel-Tracy est une voie à vitesse maximum de 40 m/hr(…). Dans le cas présent, cela demande une inspection de la voie deux fois par semaine».

La circulation routière

Lorsqu’en opération, avec 3 quarts de travail/jour, jusqu’à 260 travailleurs par quart transiteront sur le réseau routier. 1 200 camions/jour circuleront également lorsque le terminal opérera à pleine capacité.

Un citoyen de Saint-Laurent-du-Fleuve est venu mentionner son inquiétude face au transport par camion des sédiments argileux provenant du dragage dans la phase de construction qui pourrait laisser des résidus sur les routes.

Les espèces menacées

L’habitat du poisson sera spécialement touché par le projet. Il y aura modification sur 16,3 hectares reliée à l’approfondissement de l’aire d’approche pour les navires et une perte d’habitat de 8,3 hectares due à la construction du quai. Il n’y a pas de frayères dans la zone des travaux.

L’ APM a déjà compensé pour la perte d’habitat du poisson par une banque d’habitat de réserve aux Îles‐de‐Boucherville complétée en 2013. Le chevalier cuivré est l’espèce la plus menacée par le projet. On compte compenser pour sa perte d’habitat par 2 fois la superficie actuelle pour obtenir un bilan positif. Il y aura aussi protection des zones d’herbiers en aval durant l’approfondissement. Dans la phase de construction, il n’y aura pas de travaux en eaux durant la période de reproduction du 1er avril au 15 septembre.

Pour ce qui est de la rainette faux-grillon de l’ Ouest, on la retrouve dans une zone hors du projet au sud des installations. Il n’y aura aucuns travaux dans sa zone d’habitat.

Au niveau de la végétation, on s’attend à des pertes estimées de 3 hectares de milieux humides et de 8 hectares de milieux forestiers. La principale mesure d’atténuation-compensation projetée par l’APM est la création de 2 nouveaux milieux humides et la restauration d’un milieu existant, au final pour 3 fois la superficie actuelle. Deux arbres seront plantés pour chaque arbre coupé.

L’érosion des berges

Pendant la période de construction, on procédera au dragage de 839 000 m3 de sédiments non contaminés afin, entre autres, d’approfondir et d’aménager la région du quai. Ces sédiments argileux seront utilisés en partie pour la création d’un talus végétalisé de 4m ceinturant le projet.

Sophie Lemire, porte-parole du Comité ZIP des Seigneuries, comprend le bénéfice économique mais se dit préoccupée par l’érosion des rives: «(…)Présentement il y a une problématique d’érosion qui n’est pas réglée, puis on va augmenter l’achalandage. Y a-t-il des mesures de mitigation qui ont été envisagées?» s’est-elle interrogée.

La suite des choses

Tel qu’expliqué en première partie de séance de consultation par les autorités de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, le processus d’évaluation environnementale fédéral n’en est qu’à son début. Suite aux consultations publiques, il y aura envoi de demandes d’information au promoteur et analyse de ses réponses. Suivra la rédaction d’un rapport d’évaluation environnementale avec conditions potentielles, consultation sur le rapport et ses conditions. Ensuite sera rendu la décision de la ministre.

On peut consulter le Registre canadien d’évaluation environnementale au lien suivant.

On peut encore soumettre ses commentaires au :
Agence canadienne d’évaluation environnementale
901-1550, avenue d’Estimauville
Québec (Québec) G1J 0C1
Téléphone : 418-649-6444
Télécopieur : 418-649-6443
Courriel : CEAA.ContrecoeurPortProject-
ProjetPortContrecoeur.ACEE@acee-ceaa.gc.ca
 

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