Le Contre-courant

M. Daniel Plouffe, maire de Calixa-Lavallée

Projet de terminal portuaire à Contrecoeur
La municipalité de Calixa-Lavallée dépose un mémoire

L’arrivée du terminal portuaire de Contrecoeur est un sujet d’intérêt pour les autorité municipales de Calixa-Lavallée. Lors des consultations publiques faites par l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE), le 28 février et 1er mars derniers, la municipalité de Calixa-Lavallée a présenté ses principales préoccupations sous forme de mémoire.

Nous reproduisons ici l’intégralité de ce mémoire.

Mesdames et messieurs les commissaires
 
1. Présentation de Calixa-Lavallée
 
Plus petite municipalité de la MRC Marguerite-D’Youville, Calixa-Lavallée n’en est pas moins sans notoriété car elle porte le nom de ce grand compositeur québécois, celui qui a, entre autres, composé la musique de l’O Canada, chanson et musique commandées par la Société Saint-Jean-Baptiste et présentées pour la première fois en 1880.
 
Notre petite localité d’un peu plus de 500 personnes fut officiellement fondée en 1878 et est majoritairement située en zone verte, donc rurale. Elle est d’ailleurs le lieu de la plus vieille exposition agricole régionale qui se tient au Québec depuis 1880. D’ailleurs, le site de cette exposition est également utilisé pour certains autres événements touchant le secteur agricole et le monde de la culture, ajoutant à la notoriété de notre communauté.
 
Dans les années 70 et 80 du siècle dernier, notre village était aussi reconnu pour son théâtre d’été, « la relève à Michaud », la Forge de Calixa-Lavallée et surtout son patrimoine bâti. C’est dans le rang de la Beauce que l’on retrouve aujourd’hui la plus importante concentration de maisons ancestrales bâties en pierre en zone rurale au Québec.
 
Enfin, notre municipalité est située stratégiquement à mi-chemin entre le Saint-Laurent et le Richelieu faisant de cet endroit un lieu d’arrêt pour les cyclo-touristes et les randonneurs. Avec le boisé du Fer-à-Cheval, qui fait parti de la couronne verte de la rive-sud de Montréal, nous pouvons affirmer que Calixa-Lavallée, avec son église, ses maisons, son environnement agricole, est certainement l’un des plus beaux villages du Québec.
 
2. Le projet et les questions environnementales
 
Le projet de nouveau terminal de transit de Contrecœur en est un d’envergure avec les investissements initiaux prévus de 750 M$ et les 1 000 emplois créés lors de son exploitation.
 
Celui-ci permettrait aussi le développement du pôle logistique régional de Contrecoeur dans ses limites ainsi que la consolidation de la zone industrialo-portuaire de Contrecoeur-Varennes. Ces deux infrastructures permettant la création de plusieurs milliers d’autres d’emplois tant sur le territoire de la MRC Marguerite-D’Youville que pour l’ensemble de l’économie québécoise selon les différentes études dont nous avons pu prendre connaissance. C’est pourquoi nous ne pouvons qu’être en accord avec sa réalisation.
 
Comme tous les principaux acteurs de ce projet, nous aussi avons suivi l’actualité relative à ce nouveau terminal et surtout avons pris acte des inquiétudes soulignées par certains groupes environnementaux. Cela nous a obligé à nous renseigner sur ce sujet, du fait du caractère champêtre de Calixa-Lavallée, et aussi sur certains impacts pouvant éventuellement toucher certaines entreprises agricoles de notre communauté, particulièrement celles situées à proximité des limites nord-est de notre territoire, donc tout près des futures installations portuaires.
 
La première question qui nous préoccupe est celle de la rainette faux-grillon, espèce en voie de disparition au Québec. Du fait du caractère agricole de Calixa-Lavallée, nous ne retrouvons pratiquement plus de zones humides et encore moins à proximité de nos limites territoriales avec Contrecoeur. C’est pourquoi, pour nous, il ne s’agit pas d’un enjeu bien que nous comprenons l’importance de bien traiter ce sujet.
 
D’ailleurs, après vérification, nous avons appris que les habitats de ce petit amphibien ne se trouvaient pas dans le territoire destiné à recevoir ce terminal mais à plusieurs centaines de mètres plus loin. Pour nous, il apparaît que l’Administration portuaire de Montréal a fait ses classes de ce côté en identifiant ces mêmes zones où on retrouve la rainette faux-grillon et qu’il ne s’agit pas d’une contrainte pour aller de l’avant.
 
Concernant le chevalier cuivré, bien que nous ne soyons pas directement situé sur le fleuve, il faut tout de même souligner que nous possédons quelques cours d’eau sur notre territoire qui se déversent dans ces zones qui pourraient être des territoires de fraie de ce poisson. C’est pourquoi nous avons également pris le temps de lire les mesures qu’entend prendre l’APM à ce sujet.
 
Nous constatons, selon les observations réalisées, que le chevalier cuivré n’a pas été recensé dans les limites du territoire marin adjacent aux futures installations portuaires. Cela n’a cependant pas empêché l’APM, suite à des consultations faites avec Pêches et Océans Canada, de modifier son plan initial de 2014 pour minimiser les impacts que pourraient avoir ses futures installations sur les herbiers qui pourraient éventuellement servir de zones de fraie.
 
Plus encore, l’APM s’est inspiré de recommandations provenant d’un rapport de la zone d’interventions prioritaires (ZIP) des Seigneuries ainsi que d’autres sources scientifiques, concernant différentes mesures de compensation, pour en venir à élaborer un plan directeur pour l’aménagement de nouveaux habitats pour ce poisson dans l’archipel des îles de Boucherville dont elle a la gestion. Avec 27,7 hectares supplémentaires réaménagés en site de frais, nous sommes convaincus que l’APM a su répondre positivement aux différentes préoccupations des groupes environnementaux qui s’intéressent à la survie de cette espèce menacée.

3. Les impacts pour notre population et notre municipalité
 
Malgré le fait qu’il y a peu d’entreprises sur notre territoire qui pourrait profiter directement de la présence de ces installations maritimes, et étant rural, notre communauté pourra tout de même profiter des retombées économiques de ce grand projet industriel, situé à moins de 10 kilomètres du centre du village.
 
C’est d’abord au niveau de l’emploi, comme partout ailleurs, que notre population saura profiter de ces investissements à venir.
Avec ses milliers d’emplois prévus, dont certains très intéressants dans le domaine de la manutention des marchandises à quai, à l’opération de la machinerie ou au secteur du camionnage, il est certain que nos jeunes, en particulier, pourront y trouver une carrière prometteuse dans un secteur où justement les entreprises peinent à recruter une relève. Provenant habituellement de familles de producteurs agricoles depuis plusieurs générations, nos jeunes sont souvent déjà très bien formés pour occuper ces types d’emplois que l’on retrouvera à Contrecoeur.
 
Mais l’effet le plus marqué que nous anticipons pour ce projet est celui de la valeur foncière de nos habitations, source principale des revenus de la municipalité.
 
Ces milliers de travailleurs qui œuvreront tant dans les installations portuaires que dans toutes ces entreprises qui s’installeront à proximité, devront se loger. Il est donc à prévoir qu’il y aura un important déséquilibre entre l’offre de logements et la demande. Et cela pas seulement dans notre village mais partout sur le territoire de la MRC Marguerite-D’Youville et dans les MRC limitrophes.
Évidemment, du fait du patrimoine bâti actuel que l’on retrouve chez-nous, ce n’est pas dans l’offre de logements locatifs qu’il y aura une forte pression car il y en a peu de disponibles.
 
C’est au niveau de l’offre de maisons unifamiliales que l’on verra cette pression à la hausse et ce, tant au niveau de la demande qu’au niveau de la valeur de celles-ci. Cela sera certainement positif pour les propriétaires actuels de notre communauté qui chercheront à vendre. Mais cela sera aussi une bonne nouvelle pour notre municipalité qui, du fait de l’augmentation de la valeur foncière de ces mêmes habitations dû à la rareté de l’offre, verra aussi ses revenus fiscaux croître. Cela nous permettra d’augmenter la qualité et la quantité des services que l’on offre à notre population actuelle, services qu’il est de plus en plus difficile de financer.
 
Donc pour nous, la venue de ce nouveau terminal portuaire tout près de notre communauté aura, de toute évidence, des effets très positifs pour nos citoyens.
 
4. En terminant
 
Mesdames et messieurs les commissaires, notre communauté espère que vous pourrez recommander que ce projet puisse aller de l’avant.
 
Nous convenons que les questions environnementales sont un enjeu important mais il y a certainement moyen, avec tout ce que vous allez entendre au cours de ces consultations, d’en arriver à trouver différentes pistes de solution permettant de faire de ce projet un exemple en matière de développement économique qui respecte la faune et la flore.
 
Nous partageons les inquiétudes des groupes environnementaux du fait des caractéristiques rurales de notre territoire. Cependant, nous comprenons aussi que les enjeux économiques ici sont d’une grande importance : voulons-nous faire de Montréal un grand centre de transit de marchandise et ainsi permettre à nos entreprises d’en profiter pour croître davantage, ou souhaitons-nous devenir une destination marginale dans les grands flux de transport des marchandises? À cela nous répondons : réalisons ce projet.
 
En terminant, je tiens, au nom des citoyens de Calixa-Lavallée que je représente, vous remercier que m’avoir permis de vous présenter ce court mémoire et soyez assurés que notre communauté saura se faire entendre dans toutes les démarches menant à la réalisation de ce nouveau terminal.
 
Merci
 
Daniel Plouffe
Maire, Calixa-Lavallée

 

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