Le Contre-courant

Courrier des lecteurs
De l’indifférence à la vigilance: le Richelieu, une richesse abandonnée à elle-même

Pierre-Paul Gareau
pour L’Association des riverains et amis du Richelieu

La Rivière Richelieu alimente en eau potable quelque 42 municipalités pour un total de près de 250,000 personnes. Il s’agit en outre d’un plan d’eau exceptionnel (le plus important affluent au sud du fleuve Saint-Laurent) qui exerça un rôle capital dans les premières migrations amérindiennes entre le Fleuve, le nord-est américain et New-York via le Lac Champlain.

Plus tard, avant l’avènement du train et de l’automobile, le Richelieu devint une voie incontournable pour la circulation des marchandises (blé, bois, anguilles etc..) et des personnes, riveraines entre les diverses communautés.

De cette dernière période plusieurs aiment se souvenir non seulement des baignades et des pêches miraculeuses, mais aussi de la navigation de plaisance qu’on y faisait avec des embarcations plus modestes certes mais combien conviviales!

Aujourd’hui la situation du Richelieu nous désespère, et en particulier cette bien grande indifférence d’une population qui semble considérer comme marginale son importance et presqu’inévitable son déclin.

En fait nous identifions TROIS PRINCIPALES MENACES contre lesquelles il nous faudrait agir sans délai: les surverses d’eau usées dans la rivière, la toxicité en provenance des exploitations agricoles et la navigation irresponsable par les utilisateurs.

Parlons pour le moment du nombre incroyable de surverses de nos eaux usées et de la nécessaire mise à niveau des installations municipales. En 2018 seulement on a dénombré 2 654 surverses, l’équivalent de 20, 464 heures en continu.

Qu’en est-il? Les eaux usées de nos usines, commerces et domiciles se retrouvent dans des connecteurs d’égout et sont dirigées soit vers des usines de décantation ou des étangs aérés gérés par nos municipalités. Ces installations ont pour but de décanter ces résidus et de disposer des boues qui en résultent. Ces stations de pompage des eaux usées ne suffisent pas à la tâche en certaines périodes de pluie, de fonte des neiges ou pour toute autre raison. Et la situation s’aggrave avec les nombreux développements immobiliers alors que les infrastructures n’ont déjà pas la capacité de bien traiter les déchets actuels.

Il survient donc des périodes où les 27 réseaux d’égout qui jalonnent le Richelieu ( comprenant 377 ouvrages ou stations) déversent leur trop-plein directement dans la rivière ( en 2018, 252 de ces ouvrages ont débordé , soit 67% d’entre eux).

À titre d’exemple la municipalité de St-Jean-sur-Richelieu a effectué 1225 surverses en 2018, celles de Beloeil-Saint-Hilaire 526 tandis que 183 surverses provenaient de St-Basile-Legrand et St-Bruno-de-Montarville. Cette dernière ville s’approvisionne en eau potable au Fleuve St-Laurent et rejette certaines de ses eaux usées dans le Richelieu!

Les résultats de ces déversements nauséabonds dans la rivière restent bien méconnus puisque les usines de filtration chargées de la qualité de notre eau potable ne détectent qu’en partie les nombreuses composantes chimiques et pharmaceutiques qui s’y retrouvent.

Certes concernant l’eau que nous buvons, les autorités nous rassurent que les procédés de filtration utilisés (chloration, ozonisation, charbon etc..) contribuent à sa qualité et à sa non-toxicité.

Mais on doit néanmoins s’inquiéter du caractère toxique aggravant des eaux de la rivière, pour sa faune et sa flore, mais aussi pour ses effets sur la qualité à long terme de notre eau quotidienne. Si la source se tarit…les mesures pour nous abreuver devront être de plus en plus sévères.

L’AMÉLIORATION DES INFRASTRUCTURES MUNICIPALES: EST-CE ENCORE UNE PRIORITÉ DE LA CAQ?

Lors des dernières élections provinciales, les candidats – aujourd’hui ministres – MM. Simon Jolin-Barrette et Jean-François Roberge, tous deux de provenance richeloise, ont promis haut et fort de s’attaquer à ces déficiences d’infrastructures municipales. Ce serait là un premier pas pour permettre à notre rivière de cesser sa détérioration. Le temps des promesses est déjà révolu.

Si l’élimination des surverses est un enjeu important pour l’avenir et la survie de notre rivière, il faut également se préoccuper des autres facteurs énumérés plus haut (pesticides, navigation responsable), ce à quoi l’Association des riverains et amis du Richelieu se promet d’y voir!

 


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