Le Contre-courant

COP24
Prendre le problème climatique à la racine: 5 leviers concrets pour bâtir des milieux de vie prospères et résilients

Alors que s’amorcent les travaux de la COP24, la prise de conscience collective à l’égard de l’urgence climatique s’accélère au Québec et ailleurs. Le dernier inventaire de gaz à effet de serre a confirmé la place prépondérante du transport routier dans le bilan du Québec. À la base de nos besoins de transport se trouvent nos choix et pratiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Les préoccupations climatiques rejoignent ainsi l’ensemble des enjeux reliés à notre façon de bâtir nos villes et nos quartiers: pression sur le territoire agricole, sédentarité, coût des infrastructures, etc. Pour prendre à la racine la question climatique et résoudre, simultanément, ces autres problèmes, Vivre en Ville appelle à revoir nos pratiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme.

DES COLLECTIVITÉS ENGAGÉES, UNE SOCIÉTÉ CIVILE MOBILISÉE

Les municipalités québécoises ont fait preuve de leadership durant les récentes conférences internationales. Lors de l’Accord de Paris sur le climat, plusieurs de nos élus s’étaient ainsi joints au « Sommet des maires » afin d’exercer une pression positive sur les négociations intergouvernementales. Plus récemment, près de 100 municipalités et MRC ont déjà adhéré à la Déclaration d’urgence climatique, un mouvement qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Partout sur le territoire, élus locaux et citoyens s’allient pour mettre en œuvre des solutions novatrices.

Cette volonté des villes et des villages de se positionner comme des acteurs clés est cruciale. Comme le souligne Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville, « la lutte contre les changements climatiques se gagnera ou se perdra au niveau local ».

Le Pacte pour la transition, signé par 250 000 Québécois, appelle quant à lui à l’adoption d’une vision nationale en aménagement du territoire. Une mobilisation encourageante: « Depuis 15 ans dans le milieu de l’environnement et de l’aménagement, je n’ai jamais vu un tel enthousiasme pour les questions de milieux de vie durables. Les gens veulent des changements concrets et appellent les décideurs à faire preuve de vision », affirme Christian Savard.

CINQ LEVIERS CONCRETS À METTRE EN ŒUVRE

L’État a un important rôle à jouer en aménagement du territoire, une compétence qu’il partage avec les municipalités. Vivre en Ville propose cinq leviers concrets pour soutenir un virage salutaire dans les pratiques d’aménagement et d’urbanisme.

Élaborer une Politique nationale d’aménagement du territoire pour le Québec (1). Membre actif de l’alliance ARIANE, Vivre en Ville appelle à la tenue cet hiver d’un Sommet de l’aménagement du territoire, première étape qui permettra de mobiliser sur cette question les acteurs locaux et la société civile, partout sur le territoire.

Mettre l’écofiscalité au cœur de la renégociation du Pacte fiscal État-Municipalités (2). Cette demande fait l’objet d’un large consensus parmi les élus municipaux et la société civile. Depuis trop longtemps, la dépendance aux revenus fonciers, plus forte au Québec qu’ailleurs au Canada, a encouragé les municipalités à se développer sur le modèle de l’étalement urbain, menottant ainsi de nombreux ménages à des déplacements quotidiens toujours plus longs et émetteurs de gaz à effet de serre.

Investir massivement dans le développement du transport en commun (3). Il sera également nécessaire de résoudre la question du financement des opérations, qui repose actuellement essentiellement sur les municipalités: une iniquité flagrante, alors que le réseau routier supérieur est quant à lui financé intégralement par le ministère des Transports.

Créer un Fonds en aménagement et urbanisme durable (4), doté de 100 millions par année, pour inciter les municipalités à faire mieux, tout de suite, dans leurs pratiques d’aménagement et d’urbanisme. Ce fonds serait dédié à la consolidation des noyaux villageois, à la création d’écoquartiers sur les friches urbaines, à la densification et à la requalification des anciennes strips commerciales. Il constituerait en quelque sorte le déploiement, à l’échelle du Québec, de la vision du premier ministre pour l’est de Montréal, qui mise notamment sur la réhabilitation de terrains contaminés dans le cadre du projet Saint-Laurent.

Favoriser l’accès au logement dans des milieux de vie complets (5), bien équipés en services et commerces de proximité. L’habitation est le premier poste de dépense des ménages québécois, juste avant les transports. Travailler sur cet aspect est donc, pour le Québec, autant une question d’équité sociale qu’un enjeu environnemental. »

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