Myriam Vincent lance son deuxième roman : À la maison


Denis-Charles Drapeau
dcdrapeau@lecontrecourant.com

À la fin du mois de mai dernier, la Contrecœuroise d’origine Myriam Vincent lançait son deuxième roman À la maison toujours sous l’étiquette Poètes de brousse. LeContrecourant.com a profité de l’occasion pour prendre des nouvelles de l’autrice lors d’une entrevue, elle qui est également éditrice justement chez Poètes de brousse, où elle dirige la collection Prose.

LeContrecourant – Comment allez-vous et qui a-t-il de nouveau depuis la sortie de votre premier roman Furie?

Myriam Vincent – Je vais très bien! Depuis la sortie de Furie, la plus grande nouvelle dans ma vie professionnelle est que j’ai remporté le Prix des Rendez-vous du premier roman. La particularité de ce prix, c’est qu’il est voté par des clubs de lecture à travers tout le Québec et la France; c’est donc un grand honneur de savoir qu’autant de lecteurs et de lectrices ont aimé mon roman! Le prix m’a permis d’aller rencontrer plusieurs de ces clubs de lecture au Québec et en France, et c’est vraiment extraordinaire de rencontrer des gens qui ont lu Furie et de pouvoir en discuter avec eux.

LC – Qu’est-ce que ce que Furie a changé dans votre vie?

M.V.Furie m’a permis de devenir une autrice professionnelle, ce qui change beaucoup de choses dans ma pratique artistique! D’abord, je peux maintenant déposer des demandes de bourse au Conseil des Arts du Canada et au Conseil des Arts et Lettres du Québec pour tenter d’obtenir un peu de financement pour m’aider à écrire d’autres projets; c’est d’ailleurs grâce à bourse du CALQ que j’ai pu écrire mon deuxième roman, À la maison. Parce qu’il faut savoir que les droits d’auteurs (10% du prix de vente du livre) sont loin d’être suffisants pour nous permettre de subvenir à nos besoins!

Ce premier roman m’a aussi donné une impression de légitimité dans ma pratique artistique. En effet, quand on écrit avant d’avoir publié une première fois, on ne sait jamais si l’on va arriver à publier notre manuscrit. Cependant, une fois qu’on a publié, on a beaucoup plus de chances de pouvoir publier à nouveau, alors j’hésite moins à me réserver du temps dans ma semaine de travail pour écrire, même si c’est du travail non rémunéré.

Furie m’a aussi permis d’être invitée comme autrice à divers projets, autant pour écrire des textes courts dans des magazines littéraires que pour participer à des événements comme des tables rondes avec d’autres auteur.ice.s. C’est une facette de ce travail que j’aime beaucoup explorer.

LC – Comment se porte l’industrie de l’édition depuis notre dernière entrevue?

M.V. – L’industrie de l’édition se porte très bien! Nous avons été chanceux, car contrairement à presque tous les autres domaines culturels, la littérature a vu un regain de popularité à cause de la pandémie. La lecture était après tout un des seuls loisirs qui restait accessible en période de confinement, et ça a eu un impact sur les ventes de livres au Québec. Toutefois, on constate qu’à la suite de la reprise des activités, ce regain de popularité semble là pour rester! En fait, les gens de l’industrie littéraire espèrent tous que cette tendance perdure.

LC- Quelles ont été vos inspirations pour votre nouveau roman?

M.V. – Alors que Furie s’inspirait beaucoup des comic books, À la maison a plutôt comme point de départ la maison hantée. On retrouve ce trope dans une multitude d’œuvres en culture pop, autant en littérature qu’en télévision ou en cinéma, et ça a toujours été quelque chose que je trouvais fascinant. Ce roman s’inspire entre autres beaucoup d’Edgar Allan Poe; on se retrouve dans une histoire où on n’est pas sûrs s’il y a vraiment quelque chose de surnaturel qui anime la maison, ou si c’est la narratrice qui fabule.

Comme pour Furie, je me sers de ce schéma narratif très utilisé en culture pop pour parler d’un enjeu plus profond : dans À la maison, il s’agit de la maternité et des impacts que ça peut avoir sur notre identité et notre santé mentale. La narratrice du roman, Jessica, se retrouve ainsi enceinte pour la première fois, mais alors qu’elle croyait que ça serait une expérience qui l’enchanterait et lui permettrait de s’épanouir, elle vit une grossesse difficile autant physiquement que psychologiquement. Elle se sent comme prisonnière de son état et de son nouveau rôle de mère qu’elle trouve difficile à conjuguer avec tous les autres rôles qu’elle occupait auparavant comme jeune femme sans enfants. Ainsi, lorsqu’elle essaie de s’ouvrir sur ces difficultés qu’elle rencontre, elle n’obtient vraiment pas le support auquel elle s’attendait… Et au milieu de tout ça, la maison dans laquelle elle a emménagé pour élever sa future famille est loin d’être le foyer réconfortant qu’elle s’imaginait.

À la maison explore donc ce qui se passe quand la maison, ce lieu qui est censé être sécurisant et apaisant, devient davantage un endroit étrange et inquiétant, voire angoissant.

LC – Quelle part de vous retrouve-t-on dans ce roman?

M.V. – Comme pour Furie, À la maison est une fiction. Les personnages ne sont donc pas représentatifs de ce que je suis, ni des gens de mon entourage. En revanche, comme je le disais précédemment, j’ai toujours été fascinée par les histoires de maison hantée. J’ai l’impression qu’en plus d’être divertissantes, elles sont riches en métaphores sur l’intimité et la domesticité.

De plus, les questions entourant la maternité et son impact possible sur la santé mentale d’une femme sont des questions qui m’habitent beaucoup. Notamment parce que plusieurs de mes amies sont devenues mères pour la première fois au cours des dernières années. Pour certaines, ça a été un très bel événement, mais pour beaucoup, cela a été loin de l’expérience qu’on leur vendait depuis leur enfance. Plusieurs ont ainsi vécu de l’anxiété et se sont senties isolées à travers tout ça. D’ailleurs, une de mes très bonnes amies a vécu une expérience particulièrement difficile. Ce qui m’a amené à réfléchir sur l’expérience de la maternité; à quel point cela semble encore mal compris dans notre société, surtout quand c’est vécu comme une expérience négative! Cela devient pratiquement tabou d’en parler.

 

De l’aveu même de l’autrice, le roman À la maison contient beaucoup de suspense, mais aussi des réflexions plus profondes sur des enjeux de société qui nous concernent tous. Donc un livre divertissant qui porte aussi à réfléchir, une œuvre tout en profondeur ayant le potentiel de nous habiter longtemps après en avoir terminé la lecture.

À la maison est disponible dans toutes les librairies en version papier et en version numérique (ePub) sur plusieurs plateformes.

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Une autrice de Contrecoeur lance son premier livre : Furie


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